Des ateliers créatifs pour parler de son quartier, le réinventer et imaginer un futur souhaitable! 

Initié par le Centre d’expression et de créativité (CEC) du centre culturel de Dison, "Mon quartier extra & ordinaire" invite les habitant·es de la commune à parler de leur quartier, de ses spécificités, des personnes qui y habitent et de leur quotidien.

Grâce à des démarches créatives et artistiques, les participant ·es sont invité·es à rêver, à imaginer et à ouvrir le champ des possibles pour créer leur quartier du futur. Différentes techniques sont utilisées pour déployer ces visions: photo, collage, écriture… Ce laboratoire des imaginaires a été testé depuis plusieurs mois, notamment dans le quartier de Renoupré et se poursuivra cette saison.

Rêver, ce n’est pas toujours facile, nous sommes le produit de notre environnement, de nos limites conscientes ou inconscientes. Pourtant, rêver est absolument indispensable pour envisager l’avenir sous d’autres prismes!

Renoupré, comment y habite-ton? Quels sont les manques, les atouts, les espoirs pour l’avenir?

6 ateliers y ont été organisés avec un groupe d’habitant·es de 13 à 80 ans. De ces moments d’échanges et de pratiques créatives ont émergé des revendications très terre-à-terre: plus de mobilité, de sécurité, la propreté… Mais aussi, quelques rêves un peu fous, donnant lieu à des mises en scène fantasmées du quartier!

Une partie des créations ont été compilées dans 5 panneaux placés à divers endroits que vous pourrez découvrir au gré de vos sorties (Rue de Renoupré – à hauteur de l’industrie Iwan Simonis et autour de la plaine de jeux). Ces panneaux ont été inaugurés le 6 juillet dernier lors de la fête de quartier.


INTERVIEW
Valérie Leemans, coordinatrice du CEC et rêveuse expérimentée qui a initié ces ateliers "extras et ordinaires"!



"Mon quartier extra & ordinaire", peux-tu nous dire en quoi cela consiste?

L’idée est d’aller dans différents quartiers de Dison, de rencontrer les habitant·es et de leur proposer de vivre quelques ateliers créatifs. Ce sont des moments d’évasion, de détente, où l’on parle de son quartier, de sa réalité actuelle et de ce qu’il pourrait être. Ce sont aussi des ateliers qui permettent d’aborder certains enjeux climatiques, car ils ont évidemment des impacts concrets sur nos lieux de vie. Je laisse pas mal de place à la discussion et aux échanges, cela me permet d’adapter le contenu en fonction du groupe.

Quels sont le moteur et les valeurs inhérentes à ce projet?

Dans l’actualité, il y a énormément d’informations qui dressent un portrait négatif, voire catastrophiste de l’évolution de notre société, notamment par rapport au changement climatique. Avoir son regard pointé en permanence vers le pire, cela paralyse la mise en mouvement, les problèmes auxquels nous faisons face sont tellement grands qu’ils nous dépassent, on a l’impression de manquer de ressources pour les affronter seul·e.

J’ai été très inspirée par le livre de Rob Hopkins "Et si… on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons?". Son postulat, c’est qu’il est primordial de remettre le rêve, l’imagination, l’observation au coeur de nos vies quotidiennes pour initier des changements, et se projeter dans un futur plus positif.

En tant que CEC, nous avons un rôle à jouer intéressant pour servir cette vision à notre échelle, dans une commune où le rêve n’a pas toujours sa place…

Tu as animé plusieurs ateliers dans le centre de Dison, mais c’est à Renoupré que tu as pu vraiment lancer la dynamique.

Oui, cela faisait sens de commencer dans ce quartier, qui est un peu éloigné du Centre culturel et qui manque de liaisons de bus vers Dison. En plus, depuis quelques années, un comité de quartier s’est constitué, coordonné par le Centre d’information et d’Éducation populaire de Verviers (CIEP). Il y avait donc déjà quelques personnes preneuses, ouvertes à l’idée de tester quelque chose de nouveau.

Des ateliers ont été organisés dans les locaux du Cid, comment se sont-ils passés?

J’ai d’abord organisé un atelier test qui a permis de faire une première création avec la technique du cyanotype, puis nous avons proposé 6 dates de rencontre, avec comme point de départ des images du quartier, que nous avons retravaillées de différentes manières, avec aussi parfois des associations d’écritures. Le groupe était assez intergénérationnel, cela a créé des échanges très intéressants.

Les plus jeunes n’avaient pas peur de donner leur avis, cela m’a beaucoup touchée, car leur point de vue est encore un peu préservé de la morosité ambiante et donne un peu de fraîcheur, de légèreté sur la vision du futur.

Lorsqu’on n’a pas l’habitude de rêver, ce n’est pas facile de rêver grand! Les défis du quartier ont assez vite émergé des discussions: la sécurité des piétons, la mobilité, l’envie d’avoir une plaine de jeux vivante et des rues plus fleuries.

Comment avez-vous valorisé ce travail?

Pour illustrer les enjeux évoqués plus haut, il a fallu faire des choix parmi une quantité assez folle de visuels, collages, photos, cyanotypes, etc. Ils sont maintenant représentés en grand format sur 5 panneaux, placés à différents endroits du quartier. Chaque image est assortie de petites phrases, qui commencent chacune par "Et si", en clin d’oeil à l’ouvrage de Rob Hopkins. Une façon d’ouvrir le champ des possibles sur les envies pour le quartier, et d’inviter les autres habitant·es à y rêver également.

Nous avons aussi imprimé des panneaux plus petits, qui représentent des vues du quartier retravaillées au marqueur. Ce sont des formats très colorés, que nous avons eu envie de placer sur la grille de l’école de Renoupré.

Enfin, nous avons créé trois cartes postales, avec au recto une image créée pendant les ateliers et au verso un souvenir lié au quartier.

Qu’as-tu pensé de cette première expérience?

Je pense qu’il peut y avoir une certaine frustration, lorsqu’on se laisse aller au rêve de se dire, "et après?", on aurait envie que tous les rêves qui ont été exprimés se concrétisent, qu’ils soient pris en compte. Je crois que l’objectif premier de ce projet, c’est de s’autoriser à créer ces propositions de quartier idéal et ensuite de les transmettre aux autres. À titre plus individuel, je perçois mieux le quartier : ses besoins, ses limites… son potentiel aussi!

→ Le projet "extra & ordinaire" continue à sillonner les quartiers! Envie d’organiser un module de plusieurs ateliers dans votre quartier, votre association ou votre école? Contactez Valérie Leemans, Coordinatrice du Centre d’expression et de créativité : 087 33 41 81 ou Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.


Les participant·es aux ateliers "Extra & Ordinaire" à Renoupré en pleine action.


TÉMOIGNAGES
Quelques paroles des participant·es sur l’atelier et sur le quartier…

"J’ai beaucoup aimé le fait de partager cet atelier avec des personnes d’âges différents, qui ont des points de vue différents. J’ai fait des études artistiques, mais j’ai tout de même découvert des techniques que je ne connaissais pas."
Jennifer

"Avant je ne faisais pas attention au quartier, en grandissant, j’ai ouvert les yeux. Je ne sais pas dessiner, mais les ateliers m’ont plu. On a fait ce qu’on a pu pour donner des idées pour améliorer le quartier, c’était amusant. Je m’intéresse pas trop à l’art, mais c’est beau quand même, c’est cool."
Emre

"L’art ne me plaît pas spécialement, mais je suis quand même venu quasiment à chaque fois, avec mon fils. On s’est juste dit qu’il y avait quelque chose dans le quartier, et donc on a participé. On a bien accroché aux activités, j’ai pu discuter, rigoler, c’est le principal!"
Johnny

"Les ateliers, ça s'est bien passé, c'était cool, c'était amusant, c'est passé vite, malheureusement. Je sors moins dans le quartier, avant je sortais tous les jours à la plaine, mais maintenant tout est cassé. J'aimerais faire des sous pour dépolluer le quartier. Et mettre plus de jeux.”
Tessany

"Je suis venu à l’atelier avec d’autres jeunes du quartier. J’ai bien aimé le fait de faire des images juste avec notre imagination. Je jardine à la maison, j’aime bien. Je me dis que dans le jardin, ça fait beau d'avoir des couleurs, peut-être que dans le quartier ça ferait plus beau aussi."
Anthony

"Quand je dis que j’habite à Renoupré, on me dit que c’est un quartier dangereux. Tout n’est pas parfait, mais moi en vrai je me sens en sécurité, parce que tout le monde se connaît, donc si on a un problème on a qu'à demander et on s'entraide…"
Shelsy





Photos: Des oeuvres en collage, composées sur base de photographies du quartier de Renoupré, et reproduites sur des panneaux affichés dans le quartier ou des cartes postales au verso desquelles un souvenir est inscrit.