Le jeudi 16 janvier, le Centre culturel de Dison inaugurera son premier "POP UP" ou "POP HOP HOP UP". Un lieu éphémère destiné à accueillir une exposition, ainsi qu’une série d’ateliers et d’activités. Une déclinaison culturelle d’un concept commercial, à savoir les "pop up stores" ou "magasin pop up", que l’on peut voir apparaître régulièrement dans les villes.

En effet, le "pop up store" s’est emparé du monde entier et s’est affirmé sur le marché de l’immobilier comme une grande tendance, vouée à demeurer.

Lancés dans les années 90 dans des grandes villes comme Tokyo, Londres, Los Angeles ou New York, les pop up stores sont des espaces éphémères commerciaux, ayant pour but de vendre de la marchandise, puis de disparaître.

Le type de produit commercialisé ne connaît pas de frontières : mode, technologie, nourriture, beauté…



Cette nouvelle façon de "faire commerce" est directement liée au contexte économique actuel, qui impose une certaine prudence aux commerçant·es, artisan·es, artistes et autres entrepreneur·euses souhaitant lancer leur activité.

Le magasin éphémère permet de tester la viabilité d’un concept.

Ce projet de pop up est l’occasion de nous interroger sur la situation des commerces à Dison. Quels sont les atouts et faiblesses de notre commune? En quoi la vitalité commerciale d’une région, élaborée dans une perspective locale, participe à son attractivité et à la qualité de vie de ses habitant·es?

INTERVIEW
"NOUS AVONS BESOIN À DISON DE COMMERCES QUI FONT LA DIFFÉRENCE"
Rencontre avec Ouda Elmjiyad, chargée de projets à l’Agence de développement local de Dison. 



PRÉSENCE: En quoi la valorisation du commerce est-elle importante dans une ville ?

Ouda Elmjiyad : Avoir des commerces proches de chez soi, cela dynamise une ville, cela permet aux gens de se rencontrer, cela favorise l’emploi local, ça limite les déplacements… Aujourd’hui, lorsqu’on achète un bâtiment commercial, la législation en vigueur ne permet pas de le transformer en habitation, ce qui est une bonne chose. Par exemple, la rue Albert 1er est une artère commerciale historique à Dison, et il faut qu’elle le reste. Il n’y a pas si longtemps d’ici, il y avait beaucoup de commerces très diversifiés. La conjoncture a changé, mais la ville garde tout de même certains atouts.

Lesquels par exemple ?

Le fait d’être à proximité des autoroutes, cela crée du passage sur la commune. On le sait peut-être moins, mais nous avons aussi du patrimoine, nous avons d’ailleurs avec la Maison du tourisme, édité un carnet qui retrace une balade du patrimoine à Dison. Sans oublier le tissu associatif très riche, avec des structures comme le Centre culturel, la Régie des quartiers, l’espace rencontre… Il y a par ailleurs beaucoup d’infrastructures sportives et des clubs.

Il y a actuellement pas mal de restaurants et de snacks qui créent une vie plus nocturne, nous aimerions que cette vie soit aussi présente en journée, et cela passe entre autres par une artère principale redynamisée. Nous avons besoin de commerces qui parviennent à se différencier en proposant des biens ou des services que l’on voit peu ailleurs.

Il existe des primes de la Région wallonne pouvant aller jusqu’à 3000 € pour soutenir le développement de cellules vides, que ce soit pour les propriétaires ou les locataires. Cela peut aider les personnes qui voudraient se lancer.

En quelques mots, quel est l’état des lieux au niveau des commerces à Dison (voir données complètes plus bas)?

Dans le zoning d’entreprises Les Plenesses, 25 % de la surface se trouve sur le territoire disonais. Cela représente environ 4000 emplois et ce n’est pas négligeable.

La rue de la Grappe a été aussi pas mal redynamisée, grâce aussi aux travaux sur la structure routière.

Le site commercial Jardin École est quant à lui complètement occupé.

Le sentiment de désertification commerciale se situe notamment rue Albert 1er, où il y a des espaces inoccupés. On comptabilise environ 300 commerces sur la commune, nous constatons un équilibre au global entre les commerces qui ouvrent et ceux qui ferment. Dison se positionne plutôt bien sur le classement général des communes wallonnes en termes d’implantations commerciales.

Quelles sont les causes d’un commerce qui se retrouve vide sur une plus longue période?

À Dison, il y a un souci de vétusté, pas uniquement au niveau des commerces, mais aussi des bâtiments. Et il y a des situations qui, malheureusement, bloquent la possibilité de voir arriver de nouveaux commerces. Par exemple, si d’anciens commerçants n’honorent pas leur solde, l’espace se retrouve inutilisé et se dégrade, ce qui impacte l’investissement et la motivation pour de futurs travaux. Il peut y avoir aussi des questions de successions, d’héritages, de propriétaires qui n’habitent pas sur place et qui n’ont pas de vue sur le bien.

Face à ces problématiques, il n’y a pas de force de loi, le seul incitant qui peut pousser les propriétaires à agir, c’est la taxe d’inoccupation des espaces vides imposée par la Région wallonne. Elle peut se chiffrer en milliers d’euros.

L’ADL ne se positionne pas dans la sanction, mais vise l’accompagnement et propose des idées, des pistes, pour valoriser ces espaces. C’est le cas avec le projet de Pop Up culturel, pour lequel nous avons été les intermédiaires. C’est un projet intéressant, car je pense que la plupart des propriétaires de commerces n’imaginent pas forcément que cela puisse avoir lieu à Dison. Or, cela permet de valoriser le bien autrement, de susciter le regard, de changer le visage d’une rue.

Comment vois-tu l’évolution du commerce?

Je pense que nous arrivons à un tournant, nous avons connu plusieurs crises successives, des inondations, la flambée du prix des énergies, les guerres. Ces événements impactent de manière considérable notre pouvoir d’achat. Ces situations ne font que confirmer l’importance du fait de relocaliser notre consommation. Parler du "consommer local", cela peut faire penser à un concept loin de nous, qui ne serait adressé qu’à une certaine partie de la population. Mais consommer local, cela concerne effectivement l’alimentation ou l’artisanat, mais cela peut aussi être le fait d’aller dans une pharmacie ou dans une librairie pas trop loin de chez soi, car cela permet de faire vivre une famille plutôt qu’un grand groupe. Le commerce local, c’est l’avenir!


EN SAVOIR PLUS
AGENCE DE DÉVELOPPEMENT LOCAL, KÉSAKO?
"Travailler local, penser global!"

Ouda Elmjiyad, Chargée de projets à l’ADL de Dison: "Les missions de l’ADL concernent le développement socio-économique de la commune, à travers la création d’emplois et la création d’entreprises au sens large. Notre travail s’articule en synergie avec toutes les forces vives du territoire. La dimension socio-économique est complètement corrélée au secteur social, culturel, politique, touristique… Tous ces aspects mis en réseau ont pour objectif d’améliorer la qualité de vie des citoyen·nes sur le territoire."

Ainsi, les agences de développement local (ADL) mettent en réseau des partenaires locaux issus des secteurs public, privé et associatif afin de faire émerger des projets créateurs d’activités économiques et d’emplois.

Elles sont actives en Wallonie sur des territoires de moins de 40 000 habitants.

Les ADL doivent être agréées pour pouvoir exercer leurs activités. Un premier agrément est octroyé pour une période de trois ans. Un renouvellement d’agrément est, quant à lui, octroyé pour une période de six ans renouvelable.

Les missions des ADL consistent à:
– diagnostiquer les atouts et les faiblesses de son territoire
– établir un plan stratégique de développement économique durable
– définir les actions à mener et se donner les moyens de les évaluer
– réunir les acteurs locaux pour mener des actions créatrices d’emploi
– susciter et coordonner les actions partenariales définies dans le plan d’action
– accueillir les porteurs de projets, les accompagner et les orienter vers les partenaires utiles
– stimuler des réseaux au service de l’entrepreneuriat
– mettre en évidence les ressources et le savoir-faire

Chaque ADL met en oeuvre un plan d’action pluriannuel basé sur les spécificités de son territoire. 


ÉTAT DES LIEUX DU COMMERCE À DISON



Zones économiques principales dans la commune:
> Zoning des Plenesses
> Espace Tremplin
> Axe Grappe/Pisseroule
> Complexe commercial Jardin école
> Rue Albert 1er
> Espace 58 (Renoupré)
> Andrimont Village
> Andrimont Ottomont

"La plus grande concentration de commerces de proximité se trouve sur Dison." 

Le nombre d’indépendants en valeur absolue est de 302, entreprises et professions libérales incluses dont 161 commerces : équipement de la personne, équipement de la maison, équipement de loisir, alimentation, artisanat, services et horeca

Dison compte 20 cellules commerciales vides, soit environ 6,3 %, en comparaison à Verviers (30 % en 2019)

"Actuellement, le centre de Dison accueille principalement des commerces d’alimentation, de service à la personne ou d’horeca. À l’avenir, les secteurs commerciaux intéressants à développer au centre-ville en vue de diversifier l’offre seraient les suivants : créateurs et artisans, circuits courts et économie durable (maraîchers, épicerie, magasins de seconde main…) et commerces de détail (vêtements, chaussures, articles de sport…)."

Données issues du recensement réalisé par l’ADL en 2022 dans son Plan horizon proximité


ÉVÉNEMENT
BIEN PLUS QU'UN POP UP, UN "POP HOP HOP UP"!



Que se cache-t-il derrière ce projet de Pop Up? Comment l’idée a-t-elle germé? Que va-t-il s’y passer? On vous dit tout tout tout!

En janvier 2023, Le Centre culturel de Dison et le Centre d’expression et de créativité ont entamé un projet au long cours: aller dans les rues de Dison, parler aux personnes croisées, leur tirer le portrait… Des "prises de rues" destinées à créer de l’intimité dans l’espace public. Ces portraits, vous avez eu l’occasion de les découvrir mois après mois dans ce magazine et sur nos réseaux sociaux.

Avec désormais plus d’une soixantaine de portraits réalisés, l’envie était grande de pouvoir les mettre en valeur lors d’une exposition.

Une exposition qui dit "Bonjour Dison!"

La colonne vertébrale de ce projet, c’est la déambulation dans les rues de Dison, le fait de sortir des murs du Centre culturel pour rencontrer des gens. Lorsque l’envie d’organiser une exposition s’est précisée au sein de l’équipe du Centre culturel, il semblait donc évident qu’elle puisse prendre place dans un lieu inédit, un lieu de passage central de la ville, pour créer la surprise. Cette exposition inédite, intitulée "Bonjour Dison", sera donc l’événement phare du Pop Up et pourra être visitée du 18 janvier au 1er mars.

Un lieu éphémère et bouillonnant!

Outre l’exposition "Bonjour Dison" évoquée plus haut, le Centre culturel souhaitait maximiser le potentiel de l’espace, en créant un véritable lieu d’expérimentations, parsemé de moments artistiques et conviviaux, cliquer ici pour accéder au programme.

Ainsi, au coeur de l’hiver, notre Pop Up espère être un espace rempli de "coups de chauds pour souffler le froid"!

Une ouverture festive le jeudi 16 janvier à 18h

Le jeudi 16 janvier, rendez-vous au Pop UP pour découvrir l’exposition, trinquer à ce nouvel espace, réaliser votre portrait en live avec l’illustratrice Odile Brée et profiter du juke-box vivant avec le groupe de musiciennes Les Anchoises!

INTERVIEW
"JE NE PENSAIS PAS QU'OUVRIR UN POP UP ÉTAIT POSSIBLE À DISON"
Yasin Ozdemir, propriétaire du bâtiment qui accueillera le Pop Up et Ouda Elmjiyad (ADL).



Yasin Ozdemir est le propriétaire du bâtiment au 106 de la rue Albert 1er à Dison, qui accueillera dès le 16 janvier le Pop Up du Centre culturel.

Dès l’été 2024, le Centre culturel de Dison interpelle l’Agence de développement local avec l’objectif de trouver une cellule commerciale inoccupée pouvant accueillir son projet de Pop Up. Yasin Ozdemir ayant accepté, s’en sont suivis de nombreux mois de visites, pour discuter de la mise en place de cet événement.

Ce lieu était vide depuis un certain temps et des travaux devaient être engagés. Un investissement dans l’objectif de rendre plus attractif cet espace situé dans la rue principale de la ville, comme l’explique M. Ozdemir: "Au-delà du manque à gagner financier, le fait de voir cet espace vide accentue l’aspect délabré. J’ai fait l’acquisition de cet immeuble en 2015, il y a des appartements aux étages qui sont occupés, mais malheureusement, la surface commerciale n’a été louée qu’une fois, durant 7 ou 8 mois."

Cette proposition d’occupation éphémère semble avoir été pour ce propriétaire le "coup de pression positif" pour entamer des travaux: "Je remercie l’ADL et plus particulièrement Ouda Elmjiyad, qui m’a vraiment encouragé à prendre les choses en main. L’ADL a pu identifier des personnes qui partageaient un même besoin et a pu faire le lien entre le Centre culturel et moi, ce qui donne lieu à cette collaboration. Je ne pensais pas qu’un concept comme celui-là était possible, mais je pense que ça va attirer la curiosité des gens. Cela permettra de redécouvrir ce bâtiment et de voir le potentiel à travers la vitrine, cette démarche est très positive et c’est ce qui m’a donné envie de dire oui".