NOUS, TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEUSES DU CENTRE CULTUREL DE DISONsouhaitons rappeler notre rôle et nos missions à travers cet édito collectif.

Par ce texte, nous tenons également à mettre en lumière le manque de reconnaissance et le climat d’incertitude budgétaire qui traversent l’ensemble du secteur, et qui se traduit déjà par la mise en péril de certaines structures.

En avril 2025, Verviers et de Dison se trouvaient à la tête d’un triste classement : 4 habitant·es sur 10 sont bénéficiaires de l’intervention majorée 1. Dison et Verviers sont donc les communes les plus pauvres de Wallonie.

Dans ce contexte social, il est essentiel de pouvoir mener une politique culturelle toujours plus engagée envers les habitant·es.

En effet, le Centre culturel est une ASBL subsidiée par la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Commune de Dison, pour poursuivre une mission d’utilité publique : vous soutenir autant que possible dans l’exercice de vos droits culturels, vous donner accès à des activités culturelles variées, vous permettre de participer à la dynamique artistique de votre région, vous soutenir dans vos démarches de création ou d’expression et vous donner les outils pour devenir de vrai·e·s CRACS (Citoyen·ne, Responsable, Actif·ve, Critique et Solidaire).

Depuis sa création en mars 1978, le Centre culturel n’a fait que grandir et se diversifier. Parce que nous croyons au décret qui cadre et légitime nos actions, nous travaillons chaque jour à ouvrir toujours plus grandes les portes de notre maison. La plupart de nos activités sont très accessibles financièrement. C’est important. Cette accessibilité est possible grâce au subventionnement public. Un mythe tenace laisse à penser que la culture serait réservée à une élite. C’est faux, c’est même tout le contraire.

La culture est un bien commun. Elle façonne notre identité collective, stimule la pensée critique et favorise la cohésion sociale. Si la culture tend à se privatiser, si elle doit recourir plus que de raison au mécénat pour survivre, alors cette culture cloisonnée deviendra une réalité.

Laisser la culture uniquement aux lois du marché reviendrait à sacrifier cette richesse au profit du divertissement rentable et à priver de nombreux·ses citoyen·nes d’un accès à des oeuvres plus exigeantes.

Cette attention à la dimension financière est complémentaire à un autre pan de notre travail : celui de déceler et de lever autant que possible les obstacles qui freinent la participation des personnes à la vie culturelle de leur région. Comment ?

- En favorisant la participation spontanée à des activités en extérieur, dans les rues, sur les places des quartiers ;
- En travaillant en bonne intelligence avec les associations ;
- En organisant la médiation avec les écoles ;
- En imaginant des opérations en prise avec les réalités socio-économiques des publics…

Tout cela avec pour objectif l’ancrage de nouvelles habitudes culturelles.

Un Centre culturel, à travers ses travailleuses et ses travailleurs, participe donc à l’élaboration et à la consolidation d’un projet de société démocratique qui affirme sans équivoque que les droits culturels sont les mêmes pour tout le monde, et que c’est un devoir de l’État de soutenir celles et ceux qui ont, pour telle ou telle raison, plus de mal à les exercer.

Il s’agit d’un projet collectif qui met en mouvement différents acteurs·trices, la Fédération Wallonie-Bruxelles, les Communes, les associations.

Chaque fois que l’on affaiblit l’un·e de ces acteurs·trices, c’est le projet tout entier qui est mis en péril. Ce projet, il ne s’étale pas toujours à la une des journaux, des réseaux ou dans une brochure. Il vit souvent dans l’intimité d’une activité discrète, en petit nombre, où l’on partage, où l’on échange. Il se déploie dans les interactions subtiles qui connectent émotionnellement des œuvres, des citoyen·nes, des animatrices et des animateurs.

"Si la culture est un rempart contre les dérives autoritaires et une voix essentielle dans la critique des pouvoirs établis, alors elle doit être soutenue par des politiques publiques ambitieuses. C’est pourquoi l’existence d’un ministère de la Culture fort et doté de moyens suffisants est une nécessité. Le financement public de la culture n’est pas un luxe, mais une garantie démocratique et un devoir éthique. Il assure que les artistes et les acteurs et actrices culturel·les et socioculturel·les puissent mener des actions et créer librement, sans dépendre exclusivement de mécènes privés ou d’intérêts commerciaux qui pourraient brider leur liberté d’expression. (…) Une culture vivante et dynamique est une culture qui interroge et qui bouscule." 
Extrait choisi de la carte blanche "La culture, un rempart démocratique nécessaire contre les régimes autoritaires", La Libre, 24/02/2025.